Etats d'âme artistiques et réflexions équestres

Les états d'âmes d'artiste équestre et ceux d'une cavalière se rejoignent ici...
Extraits de mon blog

La Folie Nécessaire

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N'y aurait il d'inspirations que dans l'intense?
Est ce la passion qui pousse a cette impatience débordante d'excitation et d'agitation lorsqu'une nouvelle étincelle se produit, ce feu dévorant qui nous anime, nous met en mouvement, secoue nos pensées dans cette seule direction... On pourrait penser qu'il s'agit de prédisposition, de talent...
Je crois qu'il n'en est rien, nous sommes des êtres dont la fougue intérieure est indomptable, elle est de feu, de vent ou d'eau pour certains, animale pour d'autres.

C'est pour nous autres passionnés bien souvent un cheval intérieur, cet être sauvage dont la témérité frôle la folie et qui nous entraîne implacablement vers de nouveaux horizons. Il est le frère de nos âmes,notre compagnon, notre conscience, il vit et meurt avec nous.
Par certains jours orageux, il arrive que cet animal qui sommeille en nous se révolte et s'emballe sans prévenir. Ses yeux s'allument d'une flamme ardente qui dévore jusqu'au dernier grain de suie de l'iris fauve, ses naseaux noirs et disloqués exultent des tonnerres de ronflements et la fureur contracte sa bouche. Sa peau d'ordinaire si douce à la caresse se pétrifie sur des muscles prêts à rendre la liberté à cette créature folle.
Le cheval s'élance sans crier gare et nous nous retrouvons alors enlevés par cette volonté farouche, les jambes enserrant ses flancs bouillonnants, le visage fouetté par des crins cinglants, spectateur et passager clandestin d'un animal redevenu sauvage, ivre de vent et d'espace.
Le corps étroitement collé aux muscles puissants de cette créature jailli de notre inconscient, le cœur battant au rythme effréné de la course, le souffle court et les yeux écarquillés d'impuissance, l'animal nous emporte jusqu'à ce que notre volonté rende les armes…
C'est à cette minute d'abandon; proche de l'évanouissement, que l'animal ralentit sa course folle, et s'arrête le souffle court, tête haute, oreilles dressées au beau milieu d'un monde que notre esprit ne peut plus comprendre.
Les lignes en sont encore floues et étirées comme sous l'effet de la vitesse, les couleurs ont été estompées par le vent de la folie et tout parait plus silencieux… Le cheval fou nous a emmené quelque part plus loin, plus vite que le monde réel, bien au-delà du quotidien, il a ouvert une brèche vers la folie nécessaire… et le corps encore tremblant de cette chevauchée, les flancs de l'animal battant lourdement à chaque respiration, le temps s'interromps une seconde d'éternité pour nous laisser contempler ce monde nouveau que la passion transcende et que la raison ignore...
Elle tente encore de nous rattacher a la terre ferme cette raison qui finalement nous tire vers le bas et nous fait chavirer...
Le cheval fou ne peut plus rien alors il nous laisse a cette bataille et s'enfuit.

Ce combat là est celui de chacun de ceux qui veulent créer, savoir laisser la raison de côté est l'art premier et sûrement le plus difficile, juste éteindre toutes ces pensées, ces relations de cause à effet qui n'ont pour seul effet que d'anéantir toute véritable création, nous fait tourner en rond comme un animal attaché a un piquet. La raison est toute petite dans les immenses plaines des possibles et ses vallées de l'impossible qu'il faut savoir traverser sur le dos de sa propre folie, la folie nécessaire.

Sur un air de Chopin


Il glisse dans la pénombre lentement comme un ténor s'avançant d'un pas théâtral sur scène, concentré et contenant toute son énergie il parait serein. Seules ses oreilles le trahissent, sursautant au moindre son elles dansent et se braquent dans toutes les directions.
Au crépuscule de sa docilité, c'est la ronde harmonie de ses courbes qui ondule dans un mélange de grâce et de bestialité.
Il s'immobilise à l'endroit où un rayon de soleil filtrant à travers le toit a embrasé l'ocre du sable. Il étend l'encolure, hume le sol dans un long ronflement qui roule et résonne sur le toit avant de redescendre en vibrant et comme si ce son ne lui appartenait pas il rejette tout à coup sa crinière en arrière et s'élance dans une explosion de puissance.

Les uns après les autres les sabots frappent et piochent le sol,si la mélodie est légèrement assourdie par le sable, le sol tremble pourtant et reprend dans ces sourdes vibrations la cadence qui s'accélère, un deux trois silence, un deux trois silence… ce triolet du galop s'enlève et se précipite avec allégro pour un impromptu en la bémol, sol fa sol, mi ré do, si la sol….
Le virtuose emplit l'espace dans un tourbillon de sable, l'œil illuminé d'une ténébreuse clarté il valse au son de sa propre musique et sa mélodie devenue folle l'emporte dans une transe céleste. Dans des volutes de crins d'argent et de poussière dorée, l'étalon exulte d'une liberté sauvage, sur ses muscles roule la peau nacrée, tendue et brillante.

Ses pieds ne semblent plus toucher terre, de longs soupirs rythment chaque foulée,ses genoux s'élèvent toujours plus haut et projettent loin devant leurs sabots suspendus un instant dans cet air devenu lourd, empli de musique de sable et de son odeur.

Sa silhouette fend cette épaisse brume y traçant des arabesques pour quelques mesures encore avant que le tempo ne ralentisse et que les notes ne viennent mourir dans cette cathédrale de bois et de sable, le concert s'achève sur une dernière image : une gravure de son profil franc aux naseaux dilatés et de la courbe de son encolure délicatement auréolée de crins se découpant dans le clair obscur…

Princesse en son royaume


Elle n'a pas les crins longs et étincelants que mon âme de petite fille avait si longtemps rêvé, sa robe n'est pas d'un blanc immaculé, son poil ne s'irise pas des reflets argentés dont une licorne se serait parée… elle est simplement terrestre, ses taches de rousseur rehaussées d'une épaisseur de crins en bataille soulignent son air sauvageonne.
 
Elle n'a pas cette démarche princière de certains de ses congénères, au saut du lit elle est un peu revêche, le  teint brouillé et l'œil assoupit, mais à l'instant où s'ouvre la porte, elle s'éclaire et s'anime, Danha est une éternelle enfant impatiente !
Pressée de sortir, pressée de respirer à pleins poumons l'air froid du galop qui nous transportera tellement plus loin qu'un horizon visible ; pressée de soulever mon cœur au rythme chaloupé de quelques foulées de passage ; pressée de marteler le sol de son impétuosité, saccadant ses foulées si parfaites l'instant d'avant simplement pour me rappeler que tout n'est qu'éphémère et que c'est en cela que réside toute beauté ; pressée enfin d'emporter mon esprit, mon âme, tout mon être enivré par son ardente douceur.
 
Elle est toute cette dualité qui me fascine et enchaine depuis des années mon cœur au sien. 
 
Elle est sensible et susceptible comme une jument, débordante d'énergie et guerrière comme un entier, appliquée et rassurante comme un hongre. Elle est mon tout, mon essentiel cheval.

Impossible de résumer Danha, ma princesse, celle qui a révolutionné ma vie équestre, qui a su faire naitre en moi une nouvelle sensibilité aux chevaux, elle est la muse qui inspire tant de mes toiles et tant de mes sculptures!

Mais quelle difficulté pourtant nécessaire à mon humaine nature que de la décrire avec des mots, pourquoi ? Toujours pour immortaliser des bribes de ce rêve que je vis depuis que nos chemins se sont croisés, peut être parfois pour prendre conscience de sa réalité, surement toujours pour lui rendre un hommage qui ne soit entaché de la tristesse posthume et de l'amertume d'avoir compris mais trop tard…
 
Avec elle il n'y a de mots qui puissent égaler la compréhension presque magique qui ne tient qu'à nous, il n'y a que la puissance de nos silences, ponctués des efforts  fusionnés de nos intentions et de nos muscles tendus dans la même direction.
   
Elle me cueille encore à la fraicheur d'un cabré et fait naitre des émotions toujours plus intenses lorsque son garot m'élève aux cieux, elle sait entretenir la passion et raviver la flamme que le quotidien aura parfois usé.

En princesse de son royaume elle règne avec une simplicité éclatante sur ma vie.

La Chevauchée


Chevaucher en dévorant tout, de l'air frais dans les naseaux le vent dans la crinière, dévorons, galopons, sautons les montagnes.... Que volent les fers,que tombent les oeillères et se brisent les mors; que s'usent les cuirs, que les rennes se rompent jusqu'à la liberté et l'horizon d'une nouvelle aube. La chance d'avoir un lendemain à fouler, un autre galop effréné, une nouvelle course passionnée jusqu'au crépuscule...

intermède...


Je vais ma route, je fais mon chemin… tête baissée oreille en arrières, je traverse le monde n'en faisant qu'à ma tête…  Un long toupet recouvrant un œil qu'on ne s'y trompe pas je veille et surveille mes arrières.

Trottinant à travers les fourrés, galopant sur la plaine, j'hume l'air frais d'une aurore naissante et dévore ce jour nouveau sous mes sabots. J'avance tout le jour m'arrêtant de temps à autre pour mâchonner une herbe plus verte, un feuillage plus frais mais toujours je reprends ma route.

Je trébuche parfois sur un sol aride, m'enlise souvent dans des marécages que la fierté m'aura empêché de contourner, mais toujours je reprends ma course.

Je rends aux bonnes gens alanguis sur le bord de la route leurs coups d'œil curieux, ils se demandent pourquoi je ne m'arrête pas alors que je me demande pourquoi ils ne bougent plus. Nous ne sommes pas fait pour nous comprendre et je continue un sabot devant l'autre de l'horizon plein les yeux…

Je ne cherche rien, j'avance seulement et regarde tout ce que je rencontre, je ne fuis pas vraiment, j'avance voila tout.

Talonnée par le désir de vivre, éperonnée par la peur de s'enraciner, d'oublier ce qu'un nouveau jour peut apporter et de ne plus me soucier que de garder le box là ou la paille est fraîche et l'eau claire… On ne m'enfermera pas tel un cheval de manège, je vais le monde, je vais la vie…

Je ne suis pas sauvage, je veux simplement être moi sans que rien ni personne ne m'enrêne, ne m'encapuchonne et ne me vole mon élan, ma cadence. Je vais ma route et trottine le pied léger sur mon chemin.

Je chevauche la terre et je suis chevauchée par le désir et la passion… Tels sont mes plus fidèles cavaliers, les seuls que je puisse tolérer sur mon dos, les seuls devant lesquels ma volonté s'efface parfois pour écouter leur main et suivre leur demande. 

Telle est l'équitation de ma vie.


Quel long et désespérant hiver, morne et préoccupant, non contente d'éprouver la fatigue et la lassitude qui frappe souvent en cette saison, ce sont les chevaux qui semblaient avoir déserté ma vie…

Des mois passés à ne plus rien  éprouver en regardant, en montant et en peignant un cheval, aucune étincelle juste une immense fatigue qui engloutit toute énergie, monte insidieusement et finit par noyer tout désir.

C'est une étrange et  oppressante sensation, presque une amputation de tout ce qui fait mon identité, ma joie de vivre, mon oxygène… de longues semaines à m'interroger sur l'origine de ce néant incroyable qui m'emplit au fur et à mesure qu'il me  vide, m'immobilise et glace mon âme… Rien n'y fait, impossible de comprendre quel est ce mal qui me gagne et surtout, pourquoi… Impossible également de l'expliquer, de mettre des mots sur ce mal être si profond et peut être également peur que l'écrire ou le dire lui donne une contenance et une réalité qui m'effraie d'autant plus.

Acculée dans la noirceur asphyxiante de ce terrible hiver, j'ai tentée de me débattre, de réagir, de combattre ce mal, mais comment combattre un ennemi invisible ? Comment retrouver le gout de peindre, le gout de faire corps avec ma merveilleuse Danha, comment réussir à se fasciner à nouveau pour la courbe d'une encolure, le galbe d'une jambe, le son des fers qui claquent au rythme du pas ?  Comment vivre sans toutes ces petites choses qui ont toujours été scellées à mon être… En créant le manque peut être ? Et si mes chers chevaux  ne me manquaient plus jamais, quelle vie puis-je mener sans eux et sans cette énergie qu'ils m'insufflent ? 

Lasse de me battre ainsi contre une chimère, j'ai finalement décidé d'accepter et de m'en remettre à demain, attendre et poursuivre cette morne errance en espérant qu'un beau jour le cauchemar prenne fin…

Ces quelques mois paraissent s'allonger et se trainer comme un siècle entier et je m'imagine déjà avec horreur finissant mon existence au rythme de l'adage métro-boulot-dodo, quand le printemps vient enfin me tirer de ma torpeur, de chétifs rayons de soleil filtrent à travers les murs de ma cellule et je m'éveille tout en douceur.

Comme une convalescente je prends les crayons un à un, je prends mon temps et ne prétend plus à dévorer papier et énergie, à brûler des étapes, à éclabousser tout de peinture… Cette longue douleur qui a percé mon cœur est encore fraîche et je ne veux pour rien au monde la ressentir à nouveau. Je savoure donc, prend le temps de caresser un chanfrein du bout de mon fusain, d'en brosser les poils de la pulpe d'un doigt et d'attendre que brille une étincelle dans son œil, je l'approche et le cajole comme on le ferait pour un animal farouche, je tente d'apprivoiser ma passion infidèle, de lui redonner confiance et de me réconcilier avec cette compagne volage.

Je retrouve cette plénitude qui me gagne lorsqu'enfin le cheval de papier m'absorbe dans son univers lorsqu'il entraîne mon esprit et mes mains, lorsque je le flatte autant que je le façonne. Revivre enfin tout juste suspendu à une ligne de pastel est si délicieux !

Hasard et coïncidences...

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Il faut parfois savoir faire un peu confiance à la vie et à sa curieuse façon de nous faire comprendre et ressentir des choses que l'on cherchait.... le jour où on ne les cherche plus!

J'avais quelque peu fait mon deuil de la peinture au profit de la sculpture, cette dernière me permettait de recommencer à zéro, sur une terre vierge d'illusions, de mauvaises habitudes, de mauvaises motivations...

Mais on ne peut fuir ce que l'on est, je ne peux renier le dessin qui est mon compagnon depuis ma plus tendre enfance et c'est finalement d'une façon très inattendue que je me rend à l'évidence...

En ce mois de décembre, motivée par une amie peintre je me décidais donc à reprendre de temps à autre les crayons, trouver un trait qui toujours au service des chevaux sache aussi être ce que je suis, ce à quoi j'aspire... Se lâcher, se libérer... toutes ces choses tellement abstraites dont je cherche depuis des années le "mode d'emploi"... Comme si être libre et authentique pouvait avoir un mode d'emploi!

Alors que je me cherche, je finis également par me rendre à l'évidence, les portraits de chevaux, fidèles à leur photos ne peuvent être un moyen pour moi de me libérer, il faut que je m'en affranchisse et que je poursuive ma route.

Alors que je viens juste de décider de cela et de prendre la résolution de supprimer de mon site internet la rubrique portrait de chevaux, mon téléphone sonne...

Une personne qui a justement vu mon site et souhaite offrir à un ami qui vient d'avoir un accident, un portrait des chevaux qui ont marqué sa carrière de cavalier.... Un peu étonnée de la coïncidence, je l'écoute et lui répond sans grande motivation, me demandant intérieurement pourquoi cet appel alors que je viens juste de décider de ne plus faire de portraits! Et l'oeil amusé, je scrute les cieux me demandant si quelqu'un aurait un message à me faire passer!

Il s'avère que le portrait en question devrait rassembler 8 chevaux sur la même composition... Un challenge inédit, qui commence raviver mon gout à relever toute sorte de défis fous... Et il devrait être réalisé au plus vite... encore un défi qui me pique au vif... Et le cavalier à qui ce cadeau est destiné s'avère être Eric Navet! Cette fois je blêmis et commence à trembler!


Me voila donc lancée dans une aventure folle, rassembler huit chevaux mythiques sur une même feuille, trouver la composition qui les mettra en valeur individuellement tout en gardant une unité entre tous... le tout avec un choix assez limité de photos... un temps également limité... Avant de commencer je continue de regarder là haut, peut être pour voir le sourire amusé et bienveillant de ma mère!

Les portraits m'ont toujours angoissée, comment être sure de saisir l'essence d'un cheval avec une photo? comment être certaine qu'au delà des traits extérieurs, le propriétaire saura retrouver la petite lueur qui lui plait tant dans l'oeil de son cheval, l'expression infime d'un plissement de naseau, d'un coin de lèvre...

Et cette fois pourtant je me retrouve totalement submergée par ce portrait, comme hypnotisée, je n'hésite plus, je ne réfléchis plus, je les dessines, les habille de chair tout en parvenant à conserver un peu de liberté dans mon trait... Je suis incapable de m'arrêter! captivée par cette horde naissante qui prend forme sous mes mains...

Et je comprend enfin, que ma liberté que je cherchais tant, ne tient à rien d'autre qu'à ça: la passion et la confiance. C'est si simple que j'en pleurerai de l'avoir tant cherché ailleurs, de mettre parfois fait tant de mal... Elle était juste là, en moi et il ne tenait qu'à une bonne étoile de savoir me montrer la voie.

De la passion




Comment peut on vivre sans passion… Bien souvent les passionnés que nous sommes, passionnés par nos chevaux, passionnés par notre art, sont considérés avec un étrange mouvement de recul mêlant à la fois l'incompréhension et la peur de la folie…

Ils ne nous comprennent pas, ces gens qui ont une vie toute faite de raison, de prévision et de modération…

Ils ne peuvent pas supporter les élans indomptables que connaît un cœur passionné…

Ils ne connaissent pas les feux dévorant de la passion, cette indicible sensation qui nous prend aux tripes à nous faire perdre la raison, cette capacité irrationnelle que l'on aurait à tout abandonner pour l'objet de sa passion... Ils ne peuvent imaginer cette folie douce qui ne vient pas de notre esprit mais de notre être tout entier, de ce brasier qui nous enflamme, nous libère et nous enchaîne à la fois… Cette flamme qui ne connaît ni la sagesse ni la raison mais simplement un cœur déchaîné et brûlant de s'abandonner à cet envoûtement….

Comment leur faire entendre que notre esprit bien souvent chevauche loin d'eux pour assouvir ces envies de bruits, d'odeurs et de chaleurs si particuliers, ce manque inconsolable qui nous tenaille lorsque la vie nous éloigne de nos chers chevaux, qu'il ne s'agit ni d'un caprice ni d'une légère nostalgie mais d'un manque cruel, un vide sidéral qui happe une partie de notre âme, sans eux nous sommes incomplets et vides, des fantômes errant à travers le monde à la recherche de leur raison d'être …

Tout cela ne leur semble être que poésie romantique et vestiges de rêves d'enfant…

Comment leur faire comprendre que nos jours et nos nuits sont rythmés par la mélodie cadencée d'un galop assourdis par le sable, ponctués par de chauds soupirs aux naseaux de velours, hypnotisés par des voluptes de crinière emportées au vent d'une course folle, enivrés par des odeurs de paille de foin et sueur mêlés et le refrain immuable des fers claquant sur le sol…

Alors nous épuisons nos journées d'errances loin de nos chevaux, lorsque de temps à autre le hasard fait se croiser deux âmes qui partagent la même peine, elles se reconnaissent immédiatement et s'attirent, elles échangent et parlent sans retenue, avec avidité comme l'on boirait à une oasis après la traversée du désert…



Terre cuite... enfin!

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Après des mois d'apprentissage et de recherche, des mois à développer une patience dont jusque là j'aurai été incapable, des mois à réparer les jambes fissurées, les oreilles cassées et autres mésaventures, des mois à me persuader que tout cela ne serait pas vain, qu'il ne fallait pas abandonner...

Après ce long voyage voila donc que ma première sculpture en terre à passé avec succès l'épreuve du feu.

Certes un étalon robuste comme lui ne se serait pas laisser abattre pour si peu, mais il n'empêche que je tremblais en le donnant à la cuisson, je le regardais, peut être pour la dernière fois... Il s'en faut de peu, une bulle d'air, un défaut et tous ces mois de travail et d'amour se brisent littéralement dans la fournaise.

C'est en tremblant aussi que je suis retournée le chercher... et pourtant il était là, couché dans sa caisse de transport et .... intact... J'emportais avec un empressement d'enfant mon cheval loin des regards pour pouvoir le toucher et le regarder seule à seul. La légèreté avec laquelle je trottinais vers ma voiture mon cheval entre les mains le coeur totalement déchaîné de joie et de soulagement, cet état me rappelais les matins de noël, lorsque j'ouvrais ce cadeau qui renfermait le plus souvent un cheval! je partais alors à la course dans ma chambre pour pouvoir le regarder tranquillement, imaginer quel ami et compagnon il allait être, le faire vivre à travers mon imagination...

Et voila mon premier cheval de terre cuite est enfin là! je le prend avec la même appréhension que lorsque je le manipulait avant sa cuisson, la peur de le casser... et pourtant lorsque ma bague touche la terre et qu'un son presque métallique se fait entendre, je comprend qu'il n'est plus le même.

Il n'est plus la chose fragile et friable que j'ai porté au potier, il a passé l'épreuve du feu, il est devenu un guerrier. Brut et dur, il n'est plus ce petit être qui pouvait s'anéantir sous son propre poids, c'est un étalon prêt à vivre sa propre vie, martelant le sol de ses sabots...

Terre ! 


Après une longue traversée sur les mers agitées de la peinture, prise dans cette tornade avide de mon temps et de mon énergie, tantôt ballottée par les orages, portée par les courants, renversée par la houle...un jour, le vent est tombé et la mer s'est calmée…

Il m'a fallu longuement ramer sur cette mer d'huile, sans vraiment plus de conviction… Une traversée solitaire qui ne fait que causer toujours plus d'introspection, de questions sans réponses pour finalement anéantir l'envie de créer…

Voilà peut être pourquoi, à la première terre en vue, j'ai décidé de sauter du bateau et d'embrasser ce nouveau sol, cette terre que je connais si peu, me voilà saisie par l'envie de la connaître, de la comprendre, de la toucher, de l'apprivoiser,  de la pétrir et de créer quelque chose en son sein…

Peut être ne s'agit-il que d'une exploration temporaire, le temps de faire le point, ou peut-être vais-je finir par trouver asile ici bas, seul le temps me le dira…

Toujours est-il que je me sens comme ressourcée par le contact de l'argile, je retrouve l'essence de ce à quoi j'aspire, créer bien entendu, mais créer quelque chose de spontané, qui vienne du fond de mon âme sans soulever plus de questions, juste respecter l'évidence et ne plus chercher à faire, mais simplement faire !

Au contact de l'argile, mon cerveau s'engourdit, ne crie plus à l'aide, ne parle plus, je suis captivée par la matière et il n'y a plus rien, seules mes mains parlent et la matière leur répond…

C'est le même sentiment que j'éprouve lorsque je suis à cheval, le monde autour se brouille et s'évanouit, les sons se font plus sourds et mon cœur ralentit et enfin je sens cette sérénité m'envahir.

Comme à cheval, j'aime laisser à la terre sa propre volonté, je provoque un mouvement et observe ce qui en résulte, j'aime composer ainsi, ne pas toujours savoir où cela nous mènera, juste se laisser porter ensemble, laisser ce nouvel être s'arracher à la masse brute du pain d'argile et l'aider à éclore à la vie, guider ses premiers pas…




Femmes et chevaux

Cliquez pour agrandir l'imageLa voila de retour, après des mois d'absence, alors même que je ne l'attendais plus, que j'en avais presque fait mon deuil; un soir que je crayonnais sans penser à rien, l'envie de peindre et de créer est arrivée toute seule, sans crier gare...

Plus forte et obsédante que jamais, elle s'est imposée d'elle même, sous une forme étrange et complexe, sortie sûrement du fond de mon être... Mais totalement inconsciente et viscérale...

Me voila donc à la fois libérée et à nouveau enchaînée, envoûtée par ces courbes qui se mélangent, hanches de femmes et de chevaux, rondeurs de croupes et de fesses, finesse de jambes se prolongeant de sabots... Pourquoi? Je n'en ai aucune idée, la poésie de la chose est là, sa beauté aussi...Je ne peux l'expliquer et préfère laisser planer le doute sur l'origine de cette naissance totalement inattendue... Et j'en arrive même à me dire, quelle évidence... pourquoi ne pas l'avoir pensée plus tot?

Je ne crois pas par le passé m'être autant battue pour peindre et créer... Il aura tout d'abord fallu les accepter en premier lieu sans plus se poser de questions, les assumer puis les faire vivre, les faire éclore d'un croquis noir sur blanc en femmes et chevaux mêlés fait de couleur et de douceur, trouver l'univers qui pourrait les accueillir et leur donner le premier souffle de vie...

Elles ne sont encore que de frêles débutantes qui se cherchent et arpentent maladroitement la piste de bal, je les espère femmes épanouies, chevaux harmonieux, je les voudrai dotées de leur propre volonté... 

Elles me semblent aujourd'hui une évidence, l'essence même de ce que je cherche depuis que les chevaux peuplent mes rêves... Être à la fois femme et cheval...non plus centaure mais tellement plus que ça... Une symbiose qui ne mêle pas seulement les corps mais les esprits aussi, au delà des apparences, sans retenue et sans pudeur, dépasser un peu plus la réalité et plonger au fond des choses...

Terre d'asile


Où se réfugier lorsque tout va mal, lorsque la souffrance de l'esprit, torture le corps aussi…

Ma terre d'asile, l'endroit dans lequel j'aime à me réfugier, à me blottir, à m'oublier…cet endroit magique où je me perds, n'est pas bien grand…C'est une vallée de velours, prise entre un naseau grand ouvert qui souffle le vent chaud de cette terre promise et une bouche patinée par le temps ridée de sagesse comme une roche millénaire… Au creux de ces deux volcans est ma terre d'asile, une douce et chaude vallée accueillante et réconfortante.

J'y pose ma joue et ferme les yeux et tout s'efface, l'espace d'un instant toute pensée disparaît, l'odeur de sa peau m'enivre, la douceur de ce tapis anthracite m'enveloppe et seul le bonheur me soulève au bruit du souffle qui court comme une rivière souterraine sous cette terre si fine… Plus d'angoisses, plus de monde extérieur, juste cet état de grâce sur cette île logée dans mon cœur, hélas trop petite pour pouvoir y rester toute une vie mais si précieuse pour en oublier les tourments l'espace d'une minute…


Artiste en souffrance




Comment vit-on après avoir perdu un être cher ? comment continue t-on son chemin lorsque un pilier du pont s'est effondré, a disparu à tout jamais ?

Voila une question que je me suis posée après cette épreuve difficile.

Dans ma vie tout ce que je fais et entreprend va toujours dans le même sens, tout se recoupe, tout tend vers le même désir de créer et de vivre, à la recherche permanente du bonheur.

Après m'être longtemps pâmée dans la douleur, peut être pour appeler au secours, sûrement pour attirer l'attention, à présent je ne cherche que le bonheur ; pas de ce bonheur préfabriqué que l'on ne conçoit qu'avec des choses matérielles, mais de celui qui se savoure en instants fugaces, une petite minute infime de plaisir, une minute durant laquelle mon cœur se soulève et bat plus vite, une minute qui m'étouffe presque, tellement elle est intense… Cette minute là est plus précieuse que tous les rêves de millionnaires…

Seulement être heureux, seulement savoir trouver le bonheur chaque jour malgré les défaites, les déceptions ou les malheurs…
Les malheurs et les douleurs me reconstruisent désormais, je ne veux pas les oublier, je veux juste bâtir quelque chose de nouveau sur ce modeste champ de ruine…

Cette recherche du bonheur reconstruit est permanente, après avoir perdu ma mère je ne concevait plus de peindre, je n'y ressentait plus aucun plaisir, seulement une douleur aigüe au fond de mon âme, un pincement cruel qui me rappelait que j'avais sûrement peint jusque là dans le mauvais dessein : celui de lui plaire.

Hélas moi qui avais toujours clamé que je peignais pour mon plaisir avant tout, je réalise alors que je me m'étais égarée…

L'acte de peindre venait bien du fond de mon être mais restait conditionné par le plaisir de voir briller de fierté les yeux de ma mère lorsqu'elle regardait un tableau; ce n'était bien sur pas le seul but, mais s'en était un certain…
Comment donc continuer une toile en sachant qu'elle ne pourrais plus jamais en être fière… J'ai voulu pourtant poursuivre et chaque séance devenait une torture intérieure de plus en plus grande, un état qui au lieu de me donner du plaisir ne faisait que me confirmer que non seulement j'avais perdu ma mère mais qu'elle était partie avec un peu de moi…De ces séances, je n'en ressentait que le vide absolu, la création dans un trou noir qui aspire toutes mes envies et anéantit mes émotions…

Les réflexions vont bon train, passant de la lâcheté de tout abandonner et tout renier à l'envie malgré tout de continuer et poursuivre l'œuvre aussi modeste soit elle… Peindre pour moi et seulement cela, dans un premier temps tacher de me retrouver et de m'avouer vraiment qui je suis, pas seulement être celle que l'on voudrait que je sois…

C'est une libération malgré moi qui s'avère douloureuse, je m'aperçoit très vite que je ne sais pas comment « me lâcher » comment ignorer tout cet amas de fausses contraintes, d'excuses d'incapacité, de barrières factices… Passer au dessus de ça, me mettre quelque peu en souffrance, pour être honnête tout d'abord avec moi et enfin avec ma peinture… Il me faut trouver autre chose, suivre une autre voix, créer ma voix, trouver pourquoi j'ai malgré tout cette terrible envie de ne pas abandonner.

Cet éternel recommencement n'est pas non plus sans me rappeler mes entreprises équestres… Rien n'est jamais acquis, en peinture comme à cheval et comme dans la vie…

C'est une petite part de masochisme artistique qui côtoie et se confronte à la quête du bonheur…


Le travail n'est qu'à peine débuté il me faut à présent agir, tâtonner, chercher, avoir le courage de remettre à nouveau tout en question, jusqu'à ce que l'évidence s'impose à moi… Mais cette révélation sera t-elle si évidente que cela ? saurai-je la reconnaître, la maîtriser et l'apprivoiser… La roue est sortie de l'ornière mais la route est encore longue…


De la légèreté...




La légèreté…. Un vaste concept très en vogue en ce moment, tout le monde aspire à la légèreté, tout le monde en parle et pourtant, je vois tellement peu de couples qui semblent y accèder…

Voilà donc ce que je pense de la légèreté, pour moi elle ne peut se résumer à allèger des actions de mains et des actions de jambes, la légèreté est bien plus que cela, bien plus proche de la symbiose du cavalier avec son cheval que d'une nouvelle équitation…

La légèreté suppose de connaître et d'être connu de sa monture de manière à former un couple qui se respecte mutuellement, rien ne sera dès lors ni exigé ni consentit, les mouvements seront crées et initiés à tour de rôle.

Malheureusement cette état de grâce tant rêvé reste éphémère, un muscle se contracte et le couple se sépare en cavalier et monture, l'alchimie est à refaire sans cesse.



Ne plus demander, ne plus imposer sa volonté au cheval mais avoir la sensation de comprendre et d'être compris, de ne faire plus qu'un, de décider ensemble de se que l'on va faire. Aller dans une direction en la visualisant, penser une transition et l'exécuter, méler son corps à celui du cheval et bien plus encore, partager enfin le même corps et le même esprit.

Chacun propose et décide, nous ne sommes plus qu'un volonté unique.

Les exercices n'existent plus, plus rien n'est rigide, j'attend l'instant qui se prêtera au mouvement, j'attend que ma belle demoiselle soit prête et nous nous engouffrons pour quelques secondes dans l'oublis total de tout ce qui a pu être prémédité, tout cela n'est qu'une successions de mots dessinés sur le sable, un roman éphémère effacé par les vagues.

La magie de l'équitation est là, l'esprit en oublie sa soif de posséder, de bâtir, de gagner et s'abandonne à la joie de créer et de défaire pour recommencer sans fin…



Ce rêve éphémère de symbiose enfin atteint, ne plus penser, ne plus exiger mais seulement faire et créer ensemble, attendre l'instant où se profile à la sortie d'une courbe un mouvement plus léger qui ne demande plus d'effort puisque naturel, il est offert il est saisit et se perd dans l'instant, le corps n'existe plus, les muscles sont oubliés, les murs du manège disparaissent les sons s'assourdissent et l'on se perd dans l'extase de se mouvoir ensemble…

Je ne peux plus oublier la sensation surnaturelle du premier passage que m'a jument m'a offert, ce rebond silencieux et cadencé qui suspend une fraction de seconde mon cœur et ennivre mon esprit, l'espace d'un instant nous quittons le sol et cet instant insaisissable suffit à effacer le monde…

Plus de crispations, plus d'interrogation, la légèreté n'est que cela, se fondre avec son cheval et ne plus exister en tant qu'humain, devenir cet être mythologique tant rêvé : le centaure.


La monte en amazone



J'ai connu cette monte de façon accidentelle lors d'une halte de randonnée chez un vieux châtelain si heureux de voir à nouveaux des chevaux peupler ses écuries qu'il nous a offert une selle d'amazone…

Cette drôle de selle plus massive, plus lourde, avec ses deux fourches désespérément vides m'a immédiatement fascinée, son cuir fauve rongé par les années et l'histoire que l'on devine sur son siège… Immédiatement, des rêves de petite fille m'assaillent et les fantômes de femmes à la taille de guêpe et aux robes de princesses m'entourent et m'enjoignent à m'initier…

Avant même d'avoir essayé cette monte je suis séduite, pouvoir monter comme ces femmes d'une autre époque. Ces femmes que beaucoup de féministes auront taxées de victimes du puritanisme et du machisme d'alors, je les vois comme des vraies amazones, fières et fortes, suivant sans peine les chasses les plus effreinées à travers bois et taillis, franchissant les fossés et galopant jusqu'à plus soif dans un bruissement de soie et d'étoles. Contraintes de monter ainsi, elles se sont appropriées ce qui semblait un handicap pour pouvoir atteindre l'égal des hommes montés à califourchons.

Elles sont dans mon esprit de vraies femmes, assumant leur différence et l'affichant au nez et à la barbe de tous, elles sont pour une fois sur le même pied d'égalité que les hommes sans avoir pour autant eu à renier leur féminité.


Pour la première fois de ma vie équestre, je pose cette selle étrange sur le dos de mon cheval de randonnée, j'observe et je m'interroge, mais plus je la regarde et plus l'envie de me mettre en selle me talonne. Personne autour de moi ne peux m'orienter ni me conseiller et comme souvent je m'apprête à me fabriquer ma propre expérience non sans un soupçon d'apréhension. Une journée de randonnée dans cette curieuse selle… Le paris est tentant mais pourrait vite touner au cauchemard !

La tentation l'emportera sur l'appréhension. Sitôt installée, je cherche une position confortable, les hanches et les épaules dans l'axe, je repose mes jambes autour des fourches et tache de me détendre. Au fur et à mesure que la journée se passe, je n'en finit pas de m'extasier du confort et du naturel de cette façon de monter, le cheval quant à lui ne semble pas perturbé pour un sous et avale sereinement les kilomètres. Cette journée reste gravée dans ma mémoire, comme un nouvel horizon équestre se dévoilant tout au long des chemins forestiers, je sens déjà que je ne pourrai plus me passer de cette façon de monter et je suis rongée par le désir de tout refaire en amazone.

Et voilà comment nait une nouvelle passion,

Les sensations que l'on ressent en amazone sont incroyables, le bassin étroitement lié au moindre mouvement du cheval, suffit à accompagner et demander. Tout est plus léger dans cette position, on ne se sent plus « agrippé » au cheval e, l'enserrant des deux jambes, mais on se sent légèrement « posé » sur lui et avec lui… C'est une incroyable sensation qui mêle une impression de maîtrise, de légèreté et presque de supériorité.

La monte en amazone ne peut se résumer à une lubie pour femmes en manque d'originalité, même s'il faut reconnaître chez les amazones l'amour de l'histoire et un certain goût pour le romanesque, c'est avant tout une façon de monter qui permet d'élargir sa pratique et sa compréhension de l'équitation, qui permet de mieux s'assumer à cheval en tant que cavalière, c'est une équitation qui ouvre les yeux et délie à la fois le corps et l'esprit.

Confortablement installée dans mes fourches, ressentant tout des mouvements de mon cheval, le buste bien plus reculé qu'à l'acoutumée, j'ai le sentiment de prendre du recul, de voir arriver les choses et d'y faire face. Le roulis du galop m'ennivre, alors que mon corps se fond et se laisse emporter dans ce mouvement exquis, mon esprit s'égare au gré du vent qui passe sur mon visage et emporte ma jupe dans un léger bruissement de tissus…

Souvent, les autres cavaliers me regarde curieusement et me demandent si je ne me sens pas minimisée par cette façon de monter…Comment leur expliquer que j'ai sûrement compris bien plus de choses de l'équitation et de ses finesses dans les fourches que dans des reprises de dressage.

Comment faire entendre que les jambes ne me servent à rien pour exécuter un départ au galop ou un appuyer ? Que seul mon buste et mon bassin me suffisent comme si mes jambes avaient disparu inutiles désormais puisque mon cheval à les siennes pour se mouvoir… Cette fois le rêve du centaure est atteint mais en plus complété du mythe de l'amazone !



Ma préférence à moi...



Au travers de toutes les qualités que je vois à ma jument, il en est une assez inattendue qui, en y réfléchissant bien, me saute désormais aux yeux…

Bien sur, ma jument a de cette superbe naturelle qu'ont les ibériques ; ses allures amples et relevées à la fois, ses formes rondes et harmonieuses n'en finissent pas de me laisser admirative. Bien sur elle a sous la selle cette finesse incroyable qui me donne bien souvent l'impression d'avoir atteint la légendaire « Légèreté » que tout cavalier recherche. Bien sur son courage, son grand cœur, son endurance en font un cheval complet et permettent de se faire plaisir à la fois en dressage, à l'obstacle en extérieur et à pied…

Oui toutes ces raisons là sont belles et pourtant ce n'est pas cela qui me semble si précieux, c'est une chose beaucoup plus enfouie, un trait de caractère dont je ne peux plus me passer. Ma jument discute de tout avec moi, et cela n'a pas de prix… Elle qui lorsque je l'ai connue était enfermée dans un mutisme total, au fil des années, du travail fait ensemble, de la confiance gagnée jour après jours… Au terme de tout cela, ma jument discute désormais avec moi…



Lorsque je lui demande quelque chose que cela soit monté ou à pied, elle ne le donnera jamais sans avoir demandé pourquoi avant, rien n'est ni gratuit ni acquis, si un exercice ne lui plait pas, il me faudra lui expliquer avec toute la patience dont je suis capable, comment le faire et lui faire comprendre pourquoi cela est bon pour elle, autrement tout n'est qu'énervement et piétinement.

Nous faisons les choses ensemble, je lui demande, elle me répond, nous nous mettons d'accord, nous sommes loin du cheval automate qui répète sans conviction ce qu'on lui à appris… Tout doit être fait ensemble, créé ensemble et d'un commun accord.

Pour toute nouvelle chose que je souhaite lui apprendre, il me faut des semaines, voir des mois, car je commence par demander, elle me regarde l'œil curieux, je lui explique comment faire, elle me répond encore… En fonction de ses réponses, je vais comme à chaque fois, imaginer une nouvelle façon d'expliquer, l'essayer, elle me dira si elle comprend ou non, le cas échéant, il faudra encore se creuser la tête pour trouver une autre façon…



Et finalement, je m'aperçoit qu'à présent rien n'est plus précieux que ces instant où nous parlons, à tel point que j'en viens à préférer les moments consacrés à lui enseigner quelque chose au moments passés à répéter les choses acquises, rien n'est plus puissant que la joie que j'éprouve à discuter avec elle, si ce n'est peut être l'instant ou nos efforts conjugués se couronnent de succès et que le cœur battant de joie et de surprise, je reste subjuguée devant ma princesse qui me montre enfin et pour la première fois que l'exercice est compris et qu'elle accepte de le faire avec plaisir….



Passion échappatoire?



Je ne suis pas sure que nos passions nous permettent de fuir la réalité, en fait je crois qu'elles nous aident à l'améliorer, elles nous aident à vivre pleinement la vie...

En tout cas, mes passions auront été mes bouées de secours en ce moment où je me sentait vraiment mal, lasse, fatiguée, délaissée, les choses qui me font avancer et sortir de cette lassitude presque dépressive sont justement ces passions.

Avec ma jument je découvre de nouveaux horizons, désormais tout devient possible je le sens, plus de barrières, plus de problèmes, nous avançons, nous profitons, nous sommes heureuses...

Je découvre encore un peu plus l'art de vivre sa vie, l'art de découvrir chaque jours de nouvelles choses et de les savourer, d'apprécier de nouvelles rencontres, de partager, d'échanger, de prendre le temps, de ne plus calculer, de ne plus attendre, mais de prendre sa vie à pleine main et de réaliser au combien ce que l'on a aujourd'hui est précieux...


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